Nouvelle

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Les exams c'est pas tout de suite. Quoique c'est très bientôt quand même puisque c'est la semaine prochaine. Enfin, pas lundi là, mais celui d'après. Le 9, oui le 9 juin! Je hais la semaine du 9 juin.
J'ai quand même la chance d'avoir déjà eu mon rendu d'arts plastiques. Ca donne envie d'aimer les arts plastiques. Ca donne envie d'aller bosser sur un terrain vague tout pourri en plein milieu de Rennes. Oui, parce que durant tout le semestre en arts plastiques on a bossé sur un terrain vague tout pourri en plein milieu de Rennes où avant il y avait les papeteries de Bretagne.

Même si pour moi au deuxième semestre cette année, l'art plastique s'est transformé en atelier d'écriture. La promo s'est divisée en trois, et les deux autres groupes (In Situ et Utopie... ouais les noms déjà. Tu sais pas trop ce que tu vas faire dans ces ateliers) ont raté quelque chose d'énorme! On a écrit sur le terrain vague tout pourri en plein milieu de Rennes coincé entre le stade et le mail François Mitterrand.
Alors, non, je ne vais pas vous faire lire TOUS les textes que j'ai écris dans cet atelier moult intéressant, mais juste le dernier, le projet final. Bon, si vous me demander les autres
(tout aussi intéressants que celui-ci) je vais la jouer cool et vous les montrer aussi.
Alors voilà, mon projet de construction sur le terrain vague tout pourri en plein milieu de Rennes entre le stade et le mail François Mitterrand choisit par nos profs d'arts plastiques pour ce deuxième semestre.





L'usine à points


.........Après les Papeteries de Bretagne, les Papeteries de Cham, la Société Nouvelle des Papeteries de Bretagne, et Ménigault Bretagne, voilà aujourd’hui l’Usine à Points. Une usine qui fabrique des points. Deux points, point d’interrogation, point d’exclamation, points de suspension, point virgule, point à la ligne, point final.

Sans ce genre d’usine, la ponctuation n’existerait pas. Pas de livres, pas de manuels scolaires, pas de magazines, et pas de notices d’utilisation, ni de recettes de cuisine. Le problème se pose partout. Prenons comme exemple l'apprentissage de la lecture aux enfants, imaginez la difficulté sans l'existence des virgules! On nous apprend qu'elle sert au lecteur à reprendre sa respiration. Pas de virgule, pas de respiration... Et un tas d'asphyxiés.

Ce que les gens ignorent, c’est qu’avant qu’un manuscrit soit envoyé à un imprimeur, celui-ci passe par une usine à points. Des pages et des pages blanches sont tachetées de petits points avant d’être expédiées chez les imprimeurs de mots. Les points sont une propriété privée. Seules les usines à points détiennent leur secret de fabrication et sont en droit de les utiliser. La contrefaçon est fréquente, mais elle se distingue facilement par sa mauvaise qualité d’impression et le manque de netteté dans ses formes.

L’usine de Rennes, au croisement des rues de Lorient et Amiral Courbet fournit en moyenne 75 millions de points par an. Elle emploie une petite centaine d'employés, tous héritiers d'un savoir-faire familial.

Les points sont avant leur création une sorte de pâte visqueuse, qui ressemble à des flans à la framboise, plus gélatineux que les flans à la vanille. Sa couleur varie du rouge au violet selon les symboles de ponctuation. Les ouvriers disposent alors d’outils mécaniques pour presser, allonger, affiner, et tordre cette matière. Dans l’entreprise du point, on rejette massivement la robotisation. Rien ne vaut le travail manuel d’un artisan du point. La qualité se distingue immédiatement. La coloration des points est la dernière étape dans leur création. Les demandes des clients sont inscrites sur des bons de commandes répartis par cuves. Chacune est méticuleusement nettoyée après une teinte car beaucoup des artisans se droguent à la morphine pour rester éveillés jour et nuit et travailler sans interruption. Le risque qu'ils se jettent dans les cuves de couleurs qui contiennent de la morphine est trop important pour négliger leur entretien.

L’usine se divise en plusieurs ateliers. A son ouverture, chaque atelier était chargé de la création d’un type de point. Mais certains problèmes sont survenus dans le bon fonctionnement de l’usine. Les ouvriers passaient leur temps à défiler dans les ateliers pour s’assurer que leur formes de points s’accordent bien avec le reste de la production. A force de courir tous azimuts, des points de côté à répétition apparurent, les rendez-vous chez les médecins, et les arrêts de travail se multiplièrent. Il fallu leur mettre les points sur les i. C’est alors qu’on inventa le système de « Police ». C’est à la fois une sécurité pour le patron de l’usine qui sait que ses employés travaillent réellement sans distraction ; Et c’est en même temps un système d’organisation plus simple. Chaque ouvrier apporte aux points son propre caractère. Ainsi, toute sa gamme de points à la même particularité, du point d’exclamation au point virgule. Grâce à la Police, il n’y a plus de débordements, l’usine est méthodique et ordonnée.

Comme dans chaque manufacture, une partie résiduelle de la production est défectueuse. Celle de l'usine à points est stockée dans une pièce spéciale, à température constante de 12,5°c, et tapissée de fleurs fushias et oranges. Ces conditions sont indispensables pour maintenir les teintes des caractères de ponctuation en état. Des gros camions réfrigérés oranges et fushias viennent chercher des points trois fois par semaine. Ceux-ci sont discrètement acheminés dans des cimetières et conservés dans un aménagement souterrain. Dans ce lieu, la présence des résidents ne présente aucun risque de vol ou de dénonciation. Les points, virgules, points virgule, points d'exclamation, points d'interrogation, et autres points ratés en tout genre, sont revendus principalement à des médecins et des élèves de cours préparatoire. Si toutefois vous êtes intéressé par ce recèle de points, je vous invite à vous rendre au cimetière du Nord, cinquième allée, troisième gauche, tous les jours de 10h à 18h30.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

tu va lancé une nouvelle catégorie "les nouvelles de lili"
:) en tout cas moi j'aime bien!!!
d'autant plus que j'ai connu les évolutions

Sabine a dit…

Moi je veux les autres!
J'ai beaucoup apprécié celui ci, c'est original et vraiement bien écrit.

Anonyme a dit…

A croire que le terrain vague tout pourri n'était pas si mal, quelle inspiration!
C'est vraiment super bien écrit, un style très agréable à lire!
Une vraie petite écrivaine la Lia!
Ca donne envie de lire le reste...